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Le saviez-vous? Le cocktail né dans le secret

Le saviez-vous? Le cocktail né dans le secret

Posté le 
31
 
May
 
2010

Focus

Le saviez-vous? Le cocktail né dans le secret

Les débuts de la prohibition

L’histoire du cocktail va de pair avec celle de la Prohibition. En effet, c’est pour cacher le goût souvent infect des alcools de mauvaise qualité (souvent produits dans des baignoires !) durant cette période, que le cocktail fut créé.
Mais revenons aux origines de cette ère prohibitive qui fit rage surtout aux Etats-Unis et qui y vit le jour par l’établissement du 18e amendement de la Constitution (ratifié le 29 janvier 1919) et par le Volstead Act (établi le 28 octobre 1919).
La prohibition de l’alcool fut soutenue par les pasteurs, qui voulaient moraliser la vie des plus pauvres et par les femmes qui associaient alcoolisme et violences conjugales. La Société Américaine de Tempérance fut formée en 1826. En 1855, 12 États avaient rejoint le Maine dans la prohibition totale. Il y avait alors les « États secs » (Dry States), les États sans prohibition étaient les « États humides » (Wet States). Dans les années 1870, les femmes organisèrent des manifestations devant les bars et les saloons.
En 1916, la prohibition faisait déjà partie de la législation dans 26 des 48 États composant les États-Unis.
La plupart des brasseries américaines étaient dirigées par des Allemands ou descendants d’Allemands. Le mouvement prohibitionniste fut encouragé par le sentiment anti-allemand pendant la Première Guerre mondiale. L’alcool ne devait pas détourner les Américains de leur but, remporter la victoire. Le 22 décembre 1917, le 18e amendement à la Constitution fut proposé au Parlement ; il fut adopté en 1919 par 36 états. Il interdisait la fabrication, la vente et le transport des boissons qui contenaient plus de 0,5% d’alcool, à l’exception des breuvages médicaux, du vin pour la messe, des boissons préparées à la maison. La consommation d’alcool n’était pas interdite.
L’existence d’un grand marché potentiel suscita l’intérêt au Canada voisin ainsi qu’en Europe. Le commerce d’exportation, parfaitement légal, s’organisa à partir des “têtes de pont” que furent les grandes distilleries canadiennes, les possessions britanniques des Bermudes, des Bahamas et du Belize, mais aussi Saint-Pierre et Miquelon, cet archipel étant un territoire français où convergeaient les alcools canadiens, français et britanniques, avant d’être chargés sur les « rum runners » en vue d’être introduits sur le continent voisin.

Les « speakeasies »

Les populations urbaines, en particulier dans le Nord-Est du pays, résistèrent à l’interdiction de l’alcool : à New York par exemple, on comptait plusieurs dizaines de milliers de speakeasies, ces bars clandestins qui proposaient de l’alcool en douce. L’expression trouve son origine dans l’habitude qu’avaient les patrons d’établissement de demander à leurs clients de parler doucement (en anglais : speak easy) lorsqu’ils demandaient de l’alcool, afin de ne pas attirer l’attention.
La production d’alcool étant tombée dans des mains criminelles ou étant assurée par des fabricants clandestins échappant à tout contrôle, la qualité du produit final variait grandement.
Beaucoup de notables et politiciens américains admettent posséder de l’alcool durant la prohibition. Le 21 Club de New York était fréquenté par le maire de la ville Jimmy Walker. Cette antinomie entre la législation et les pratiques couramment admises nourrit un mépris important et répandu de la population pour les autorités de l’État, ces dernières étant considérées comme fort hypocrites.

Bootlegers et banditisme

Certaines personnalités d’exception trouveront grâce aux yeux de la population américaine. Ainsi, les activités d’Eliot Ness et de son équipe de choc composée d’agents du Trésor, surnommée « Les Incorruptibles » (The Untouchables en anglais). À Chicago, les Genna, famille d’origine sicilienne et Al Capone furent à la tête de ces trafics d’alcool, renforçant grandement son empire criminel grâce aux profits des ventes illégales d’alcool. Eliot Ness s’opposera à Capone, dans un combat devenu légendaire. Il y eut plusieurs arrestations, mais peu de condamnations. Plusieurs facteurs expliquent cette inefficacité : d’abord les policiers et les juges étaient corrompus. Ensuite, l’Etat fédéral manquait de moyens pour appliquer la prohibition : les frontières des Etats-Unis sont en effet immenses.
Le racket surgit quand de puissants gangs corrompirent les agences dont la mission était d’assurer la prohibition. On vit également apparaître les Bootleggers, terme américain qui signifie « l’homme qui cache une bouteille dans sa botte ».
La prohibition a eu un impact notable sur l’industrie de l’alcool au sens large au sein des États-Unis. Au moment où la loi fut abrogée, seule la moitié des brasseries d’avant la prohibition restaient encore ouvertes.

La fin de la prohibition

Les opposants comme l’Association Against the Prohibition Amendment (AAPA, Association contre l’amendement de la prohibition) avancèrent plusieurs arguments : la limitation des libertés individuelles, l’inefficacité de la loi, le manque à gagner sur les taxes et l’augmentation du chômage, une question importante avec la crise économique des années 1930.
En avril 1933, le président Franklin Delano Roosevelt abrogea le Volstead Act qui définissait la prohibition, ce qui permit à l’État de lever de nouvelles taxes.